Hier, lundi. Vers 4 ou 5h du matin. Un bruit me réveille. Continu, mélodieux, frais. La pluie. Il pleut. Ce que j'entends, ce sont les milliers de milliards de petites gouttes (ou peut être pas si petites que ça, en fait) qui tombent et viennent s'écraser sur la balustrade en métal de ma terrasse. Ma clématite ne manquera pas d'eau, ma table de jardin non plus. Ma table de jardin ? mince, j'ai oublié de la ranger ce week-end. Elle attendra que je me lève et continuera à se faire tremper d'ici là...
6h15. Le réveille sonne. Je l'éteint, m'apprête à me lever, mais me re-couche. Il est 6h15, nous sommes lundi mais ce lundi-là, nous n'avons pas cours le matin. Je me rallonge sur mon lit, sous ma couette qui me semble soudain étrangement douce et chaude, accueillante à souhait. Je retombe dans mon sommeil comme dans un nuage de coton.
8h et quelques. Je me réveille, encore. Cette fois je me lève, j'enfile mon peignoir et vais me préparer mon thé. La bouilloire siffle déjà quand j'hésite encore entre thé à la fraise des bois ou thé vert à l'ananas. Ce sera la fraise des bois. Il pleut encore dehors (remarque, c'est rarement "dedans" qu'il pleut...) mais à la place des seaux d'eau, ce ne sont plus que des bols d'eau qui tombent et viennent toujours s'écraser en bout de route sur ma table de jardin bleue. Je la regarde. Je n'aimerai pas être à sa place...
12h50 à peu près. Je suis dans le tram, direction la fac. Il pleut encore et toujours alors j'ai préféré griller un voyage de tram plutôt que de tremper ma jolie jupe bleue et mes collants gris. Ma tenue se fond dans le temps. Dong ! le tram s'arrête à Notre-Dame. Je regarde dehors les gens qui se pressent pour entrer, un parapluie à la main ou, à défaut, un journal au dessus de la tête. Le tram repart. Ca fait bizarre de reprendre le chemin de la fac après une semaine d'interruption pédagogique. Ce qui fait encore plus bizarre, c'est qu'une semaine s'est passée et que j'ai l'impression qu'elle n'a jamais existé. Un peu comme si quelqu'un avec pris le sablier du temps et l'avait tourné trop vite. 7 tours d'un coup. Une semaine. Une si petite semaine...
16h35. On sort de cours. Un cours interminable de bioénergétique. Je n'ai jamais rien compris à la bioénergétique et ce depuis le tout premier cours dessus, ce devait être en L2 ou L3. L3 plutôt. C'était déjà avec le même enseignant. VS. Cet homme traverse les ans sans vieillir. Peut être parce qu'il est déjà vieux. Pas loin de la retraite je pense. Mais toujours ce même accent qu'il est parfois difficile de suivre. VS est lestonien ou un de ces trois petits pays de l'ex-URSS dont on ne se souvient jamais le nom. Parfois, il faut prendre les mots que vient de dire VS et essayer de les remettre dans l'ordre. Le cours de bioénergétique, finalement, ressemblerait presque à un puzzle géant où les pièces ne sont plus des petits bouts de carton mais des mots. Sauf que parfois, on a l'impression qu'il manque des pièce ou que la pièce que l'on a entre les doigts est abîmée. C'est ainsi que "churn", il faut l'interpréter comme "chaîne". Ma chance fut que le mot qui venait juste après était "respiratoire" et qu'il était mis au bon endroit dans la phrase. Par association, j'ai compris que la seule chose respiratoire qu'il pouvait y avoir dans la mitochondrie, c'était la "chaîne respiratoire". En revanche, ma réflexion m'a fait perdre les mots suivants. Autant de pièces qui n'entreront probablement jamais dans mon cours...
16h45 ou peut être un peu plus. Dehors, au bord de la route. Nous discutons avec Morgane. Je lui conseille mes cookies fameux pépites de chocolat ou tout choco. Pas bons pour les triglycérides, mais délicieux pour les papilles et le moral. Il ne pleut plus. Le ciel s'est même un peu dégagé. C'est là, par je ne sais quel hasard, que je lève les yeux vers les montagnes. Il a neigé ! Les sommets sont blancs ! Enfin, encore blanc-gris, mais si ça continue comme ça, ils seront bientôt blanc-blancs. Je me demande combien il y a de neige devant l'immeuble des 2 Alpes. Vivement la fin des examens de décembre, vivement janvier que j'aille profiter un peu de cette neige qui me tend les bras, que j'aille me prendre quelques gamelles, que j'en revienne avec des courbatures et que j'y retourne malgré tout le lendemain. Le silence, juste le bruit des quarts sur ces milliers de milliards de petits flocons blancs.